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jeudi 19 septembre 2013

Hocine Necib voit grand...

Le ministre algérien des ressources en eau, M. Hocine Necib, a décidé de confier à l’Algérienne des Eaux (ADE), une des tâches assumées jusque-là par l’administration : la réalisation des grands projets d’eau potable.

Un an après son entrée au gouvernement comme ministre des ressources en eau, M. Hocine Necib a engagé, timidement, les premières mesures susceptibles de le différencier de son prédécesseur. Mais les décisions prises sont très prudentes, car M. Necib ne souhaite surtout pas faire de vagues : il succède au ministère des ressources en eau à M. Abdelmalek Sellal, à qui il doit précisément son entrée au gouvernement.

Pourtant, les dossiers sur lesquels M. Necib doit trancher sont extrêmement délicats. Il s’agit de l’exploitation rationnelle des ressources disponibles dans les barrages et de la gestion du service public de l’eau potable, qui appellent tous deux des mesures novatrices pour en améliorer la gestion. Le prix de l’eau potable n’a pas bougé depuis une décennie, M. Sellal se contentant de gérer le statuquo alors que le coût de l’eau explosait et que les Algériens présentaient de nouvelles exigences en matière d’accès à l’eau potable, parallèlement à l’amélioration des revenus et du niveau de vie.

M. Necib n’a guère de marge sur ces terrains. Il se contente donc d’agir à la périphérie, par des mesures de réorganisation, qui ne changeront rien de fondamental au secteur de l’eau. Une révision des prix de l’eau avant les prochaines présidentielles parait ainsi totalement exclue. De même, il semble impossible d’introduire un début de relations commerciales entre l’ANBT (L'Agence Nationale des Barrages et des Transferts) et l’Algérienne des Eaux (ADE), pour que la première vende l’eau à la seconde, en vue de passer progressivement à des relations marchandes. Ce schéma, pourtant envisagé depuis des années, a été abandonné par M. Sellal quand il était ministre des ressources en eau. Son successeur ne peut l’envisager, à l’approche des présidentielles.

Bilan mitigé de la gestion déléguée

Dans les grands contrats passés avec des compagnies étrangères pour gérer la gestion de l’eau potable dans les grandes villes, M. Necib devrait se contenter de prolonger la démarche de M. Sellal, malgré le résultat mitigé de ces contrats. A Alger, où la situation était meilleure au moment même de la signature du contrat avec le français Suez, la distribution d’eau potable est relativement satisfaisante, mais à Oran et Constantine, les progrès sont laborieux, alors qu’à Annaba, c’est le fiasco, qui a mené à la résiliation du contrat avec l’allemand Gelssen-Wasser.

Face à cette situation, M. Necib tente de marquer le secteur de son empreinte, tout en tenant compte de toutes les pesanteurs qui l’entourent. Il s’oriente donc vers les principales entreprises de son secteur, l’ADE et l’ANBT. A l’ADE, la démarche de M. Necib a débouché sur une mesure qui risque d’avoir un impact important. L’entreprise est désormais dotée de trois divisions, nettement séparées. La division service public sera chargée de la partie relative à la gestion et à l'exploitation des systèmes et ouvrages d'eau potable, de la clientèle, de la qualité de l'eau, du patrimoine et de la gestion déléguée. Il s’agit, en gros, de la mission actuelle de l’entreprise. La division développement est, quant à elle, chargée des investissements et de la réalisation des programmes de développement, alors que la division soutien aux activités aura pour mission l'appui des activités d'accompagnement des deux premières divisions. La nouveauté consiste à réparer une anomalie, avec la création de la division développement, qui prend en charge les actions menées actuellement par l’administration. Le nouveau schéma vise ainsi à confier à l’ADE la gestion de la distribution, et à engager éventuellement les corrections nécessaires, alors que jusque-là, c’est l’administration, avec sa bureaucratie, qui se chargeait des projets.

Hésitations

Officiellement, la nouvelle organisation vise à « assurer un service public de l'eau potable plus performant », et à « adapter l'entreprise aux conditions du terrain, et de la redimensionner par rapport aux enjeux et défis auxquels l'entreprise doit faire face en termes d'efficacité opérationnelle, de modernisation et de performance ». Mais au final, il s’agit d’un transfert de la gestion de fonds publics, soustraits à l’administration et confiés à une entreprise, l’ADE.

Pour la gestion des barrages, la décision n’est pas encore prise. Toutefois, M. Necib a indiqué que le projet a été soumis au gouvernement, dont il attend l’aval. La décision sera-t-elle prise en Conseil des ministres, en conseil du gouvernement, ou en conseil interministériel ? M. Necib n’a pas précisé. Le ministre a toutefois indiqué que la réforme envisagée porte notamment sur le financement des barrages, ce qui suppose probablement un réexamen de la loi sur l’eau ou de la loi de finances. Ce qui n’est pas près de se produire, avec les dysfonctionnements liés à l’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika.

M. Necib a indiqué qu’il veut assurer « l’amélioration et le renforcement des moyens de gestion et d'exploitation des barrages, sur la base des normes internationales en vigueur ». Ce discours traduit généralement une volonté d’introduire une dose de normes marchandes dans le service public, ce dont le gouvernement algérien parle depuis une décennie sans jamais oser le faire.

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