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samedi 3 décembre 2011

Tipasa, priorité à l'hydraulique...


De par sa géomorphologie, Tipasa est prédestinée à une vocation agricole et touristique. D'ailleurs, elle dispose de deux reliefs facilement repérables dès que vous visitez la wilaya. Un littoral superbement célèbre même en dehors des frontières nationales, recelant des potentialités naturelles énormes et disposant de l'un des grands parcs hôteliers avec ses complexes, notamment la Corne d'Or. Il n'y a pas que la mer qui attire les touristes, les vestiges à forte connotation historique et culturelle constituent un vecteur pour une clientèle élitiste.
Une zone montagneuse qui fait 20% de la surface très boisée avec une verdure qui « descend » jusqu'au front de mer dessinant un magnifique tableau naturel où le bleu et le vert s'épousent presque toute l'année. La Mitidja, magnifique plaine amputée territorialement de sa sœur jumelle de Blida, ne cesse de donner des rendements agricoles satisfaisants et n'a pas encore livré tous ses secrets. Attend-elle une main généreuse du Ciel conjuguée à une autre, sur terre, professionnelle et managériale pour exhumer ses richesses enfouies sous son sol?
 Si l'eau est, par essence, un élément vital, il l'est encore plus pour la wilaya de Tipasa de par sa vocation. Cette dernière peut s'estimer heureuse de ne pas abriter de grands complexes industriels qui auraient rendu plus vulnérable la région sur le volet hydraulique. Mais si elle a pu échapper à une industrialisation, elle n'a pu éviter, par contre, une croissance urbanistique qui n'a épargné aucune partie de son territoire même au pied de ses piémonts, de ses douars et de ses archs.
 La wilaya se singularise également par sa consommation en eau fluctuante durant l’hiver et l’été. Ainsi en été, pas moins de 20 millions d'estivants affluent sur ses plages et ses unités touristiques. Une situation qui amplifie la demande en eau, dans une wilaya dont la pluviométrie se situe à 600 millimètres par an et qui n'est pas totalement captée vu l'absence d'infrastructures pour retenir cette eau de ruissellement.
 La wilaya de Tipasa ne dispose en fait que de deux barrages pour ne pas dire un seul, car celui de Merad, date non seulement du XXe siècle mais est à 90% envasé et ne sert finalement que pour l'irrigation par lâcher des vergers mitoyens. Donc, reste celui de Boukourdane qui alimente en eau potable 6 communes et irrigue le périmètre sahel ouest algérois de 2880 hectares. Ce qui explique les restrictions et les plages horaires d'alimentation de ce précieux liquide.
Même la ressource souterraine, pompée à travers des forages estimés à 45 millions de mètres cubes à partir de la nappe de la Mitidja et Mazafran alimentant les communes de la wilaya, n'a pas suffi à satisfaire une demande sans cesse croissante.
 D'ailleurs, cette pression n'a pas manqué de peser sur le niveau de cette nappe qui ne cesse de baisser. Le déficit demeure important, notamment dans 17 communes sur les 28 que compte la wilaya.
 Mostefa Layadi, wali de Tipasa, nous donne les explications de cette pression sur l'eau: « La couverture de l'eau, même si on dit qu'elle est importante, est liée à l'amélioration de la qualité de vie. Le relèvement du pouvoir d'achat de la population est synonyme de demande supplémentaire d'eau, l'amélioration de la qualité de l'habitat est synonyme de consommation d'eau et les effets du développement rural par la diffusion de la culture ont induit également une demande en eau de plus en plus importante. Une demande légitime d'eau courante à la maison, dans les douars montagneux et dans les dechras. C'est pourquoi les 50 000 m3 d'il y a cinq ou six ans ne sont plus suffisants aujourd'hui. D'autre part, il y a eu tout ce développement urbain de la wilaya qui fait appel aussi à l'eau. L'amélioration des conditions de vie est aussi consommatrice d'énergie et d'eau, de routes, d'écoles et de moyens récréatifs. Donc, nous disons qu'un nouveau mode de vie implique un nouveau mode de consommation d'eau et que le développement induit de nouveaux besoins. »
Mais il semble que la wilaya de Tipasa ait opté pour la formule « aux grands maux, les grands projets ». Tout le programme de l'investissement depuis 2000 et durant les deux quinquennaux a été centré sur l'hydraulique à tel point qu'au cours du premier quinquennat, le secteur a eu la part du lion avec 18% de crédits alloués. L'objectif était d'abord de donner des capacités de forages, de production, de transport et de distribution. Et cette tendance s'est traduite par la réalisation d’importantes infrastructures hydrauliques et va se poursuivre pour 2010-2014.
 Parmi ces projets figurent le barrage de Mousselmoune et celui de Kef Eddir que Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, considère comme un projet espoir de toute une région, à savoir Tipasa, Chlef et Ain Defla d'une capacité de 123 millions de m3/jour. Que de communes, de périmètres et de futures zones d'expansion touristiques de ces wilayas vont bénéficier de cette manne hydraulique ! L'étude d'adduction à partir du transfert de ce dernier ouvrage hydraulique vers les communes ouest a été entamée par l'Agence nationale des barrages et des transferts (ANBT).
L'heure est également au dessalement de l'eau de mer. Ainsi, il y a eu déjà la réalisation d'une station à Fouka en 2010, qui apporte 120 000 m3 jour partagés équitablement entre Alger et Tipasa avec en aval l'aménagement par l'Algérienne des eaux (ADE) d'un réservoir à Koléa de 30 000 m3 destiné à alimenter 17 communes avec deux étapes dont la première permettra l'alimentation de Koléa jusqu'à Tipaza et la seconde de Tipaza jusqu'à Mennaceur. Selon les dires du directeur de l'hydraulique de la wilaya, Youcef Gabi, ce projet porte les caractéristiques suivantes : « La totalité physique de ce projet fait 113 km de conduite et nous avons 11 réservoirs en plus de deux stations de reprise pour alimenter 450 000 habitants. C'est cet objectif que nous voulons atteindre. »
L'autre station de dessalement d'eau de mer est prévue à Oued Sebt dans la commune de Gouraya et va en quelque sorte renforcer l'alimentation de 12 communes et l'étude d'adduction confiée à l'ADE à partir de cette station est terminée.
Si les efforts sont colossaux en matière d'investissement dans ce secteur, avec aussi des indicateurs importants au niveau des raccordements et de l'assainissement, il n'en demeure pas moins que la qualité du service en termes de régularité, de qualité d'eau et de disponibilité H24 est récurrente. Est-ce la gestion actuelle bicéphale de la ressource qui est à l'origine de tant de désagréments ? Le wali nous éclaire sur le sujet: « Au niveau de la wilaya, nous disposons de deux systèmes; nous avons une partie gérée par les APC et une autre par l'ADE. Les premières sont non outillées pour ce genre de gestion. Elles n'ont ni les sources, ni les compétences, ni le management nécessaire. Même la seconde n'est pas suffisamment outillée car son encadrement a été récupéré au niveau des agences de wilaya. D'ailleurs, l'Etat vient de confier la gestion de l'eau à la SEAAL. Donc, on va avoir une visibilité sur un diagnostic des réseaux, des moyens et des potentialités, nous allons avoir un plan de développement intégré où vont intervenir tous les partenaires de la ressource eau. Cette gestion entrera en vigueur en janvier prochain et les trois mois qui nous séparent de cette date seront mis à profit pour faire un diagnostic général. »
 L'hydraulique agricole avec une irrigation de plus de 62 000 hectares gérés par l'office d'irrigation dépendant du ministère de l'Agriculture commence à porter ses fruits. Des rendements agricoles boostés par les différentes mesures d'encouragement des pouvoirs publics à travers des fonds et des programmes tels le PNDA, le FNRDA et autres, attirant de plus en plus dans le monde agricole des gens qui ont fait de ce métier un choix et sont pour la plupart diplômés, innovateurs, ayant un background et des objectifs et employant des techniques modernes qui ont des effets sur l'économie de l'eau en recourant à l'aspersion et au goutte à goutte.
 Tipasa compte également irriguer un périmètre de 1200 hectares à travers la récupération des eaux de la station d'épuration de Hadjout et de Tipasa et l'étude devra être terminée au cours de cette année avec un bureau d'études privé national.
Concernant l'assainissement, la wilaya veut donner un sérieux lifting pour préserver son image touristique par la protection de son littoral des déversements des eaux usées. Pas moins de trois stations d'épuration sont dans son agenda : celle de Tipaza, qui a été réalisée terminée et opérationnelle, d'une capacité de 70 000 équivalents habitant, gérée par l'Office national de l'assainissement (ONA), celle de Hadjout de même capacité et celle de Koléa qui donne 15000 m3/jour et il est question de prévoir son extension à 20 000. Une autre sera bientôt gérée par l'ONA à Bou Ismail d'une capacité de 150 000 équivalents habitant.
 « Un investissement colossal a été fait dans ce cadre-là et cet effort s'est encore poursuivi. La priorité est donnée à l'hydraulique et aux infrastructures de base, parce que c'est la base de développement. Les perspectives sont bonnes. Mais il y a un temps de latence pour les effets de ces investissements sur la quotidienneté de la vie du citoyen », conclura le wali de Tipasa.
Article original ici, ElDjazair.com de Brahim Bensefia
SEACO

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