Je pense que c'est pour cela que même si ces gens vivent dans des conditions difficiles, la misère n'est pas omniprésente et les tensions ne sont pas exacerbées", remarque Jean Apicella, adjoint au directeur des affaires internationales à la Société des eaux de Marseille. "La débrouille qui s'est mise en place semble maintenir une certaine paix sociale alors que dans certains camps, la seule chose que les réfugiés ont à faire, c'est attendre les distributions des ONG" compare Sacha Ferrafiat, technicien à la Sem.
Pourtant, ce calme apparent est à relativiser. "À mon arrivée en 2013, les manifestations contre les autorités étaient quotidiennes et on ne comptait plus les agressions envers le personnel des ONG, se souvient Kilian Kleinschmidt. Ces gens ont vécu des choses atroces dans leur pays et ils n'acceptaient pas de voir leur vie dirigée par les autorités du camp. Il a fallu du temps pour comprendre comment engager le dialogue avec eux et travailler ensemble pour améliorer leurs conditions de vie". Preuve que l'équilibre est fragile, en février dernier, une coupure d'électricité générale a ravivé les tensions, et en avril dernier, une émeute a même éclaté faisant plusieurs blessés parmi les réfugiés et les forces de l'ordre. À Zaatari, les ONG présentes sur place doivent maintenant gérer une véritable ville, avec tous les aspects économiques, sociaux et environnementaux que cela implique. "En tant qu'humanitaires, nous avons pour objectif de garantir la survie, pour permettre aux déplacés d'avoir le temps de reconstruire leur vie, résume Kilian Kleinschmidt. Mais au delà de l'aide d'urgence, qui est notre métier, nous n'avons pas toutes les compétences pour organiser une ville. C'est pour cela que nous avons fait appel à l'expertise d'entreprises comme la Société des eaux de Marseille".
Parmi les problématiques que l'UNHCR peine à gérer, celle de l'eau. 3 800 m3 d'eau sont distribués par camion chaque jour, pour tous les usages domestiques, et aucune solution n'existe pour l'évacuation des eaux usées. Du coup, les réfugiés font la queue pour remplir des bidons, et de longs filets noirs s'échappent des tentes avant d'atterrir dans des fossés creusés par les habitants. "Un véritable danger sanitaire", juge Michel Valin, ingénieur à la Société des eaux de Marseille.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire