Le jeudi 27/09/2012, Monsieur Loïc Fauchon est monté à la tribune de l’assemblée générale de l’ONU où il a prononcé un discours de dix minutes devant les représentants des 193 Etats membres. C’est en sa qualité de président du Conseil mondial de l’eau, que Loïc Fauchon, par ailleurs président de la Société des eaux de Marseille, a appelé les organisations internationales, les gouvernements, les parlements, les autorités locales, les leaders économiques et toutes les composantes de la société civile à signer le Pacte pour la sécurité de l’eau à travers six engagement fondamentaux. Voici dans son intégralité le discours que vient de prononcer Loïc Fauchon à l’ONU.
« M.LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL BAN KI-MOON,
« ALTESSE,
« MMES ET MM LES MINISTRES,
« A VOUS TOUS, CHERS AMIS DE L’EAU,
« Le monde, Mesdames et Messieurs, va de crise en crise. Elles sont politiques bien sûr, économiques, financières, écologiques, mais aussi climatiques, alimentaires, sanitaires, et hydriques. Des milliards d’habitants de cette planète souffrent gravement des effets conjugués de ces crises.
« L’interdépendance des économies, la circulation de plus en plus rapide de l’information, une mondialisation débridée, ne font qu’accroître cette réalité souvent cruelle.
« Pour répondre à cette inquiétude permanente des citoyens du monde, à leurs désirs de consommation et d’élévation des niveaux de vie, il n’y a qu’une seule voie possible : celle du développement. Car le développement c’est la croissance, et c’est l’espoir de la paix et de la dignité. Mais évidemment un développement dont les fruits sont partagés entre tous. Un développement réellement équitable et durable.
« Alors, réunir autant d’éminentes personnalités dans un lieu si prestigieux que celui du siège des Nations-Unies au moment de son Assemblée Générale, pour parler du lien entre le climat, l’eau et l’alimentation est une chance exceptionnelle. Et le Conseil Mondial de l’Eau, que je représente, souhaite exprimer aux autorités du Qatar et à l’administration des Nations-Unies toute sa gratitude pour cette remarquable initiative ainsi que pour leur aimable invitation.
« Oui, vous le savez bien, une partie de l’humanité a soif, autant qu’elle a faim et qu’elle est malade, dans un monde où les ressources naturelles sont de plus en plus rares et la population de plus en plus nombreuse.
« L’eau fait partie de ces ressources devenues rares. Rare en quantité. Rare en qualité, du fait de la croissance démographique, de la concentration urbaine le long des fleuves et des littoraux, des pollutions domestiques et chimiques et des sécheresses croissantes.
« Comment dès lors, ne pas mettre l’eau au centre de la discussion sur l’évolution climatique ? L’eau ne peut être un accessoire dans cette négociation, elle doit au contraire devenir l’un de ses principaux piliers.
« Nos responsabilités sont multiples. Pour faire face aux besoins grandissants, au stress hydrique qui menace ici et là, nous devons encourager la mise à disposition de ressources en eau supplémentaires, accroître l’offre et pour cela faire confiance au génie de l’homme et à un progrès technologique maitrisé.
« Stocker l’eau, la transférer, la dessaler, la pomper, la recycler, plus demain qu’aujourd’hui est indispensable. Mais cela ne suffira pas, car nous devons très vite en faire cesser le pillage et le gaspillage, tous deux inacceptables.
« Oui, Mesdames et Messieurs, le temps de l’eau facile est définitivement révolu. Une nouvelle politique s’impose. Et elle changera peu à peu le rapport entre l’homme et l’eau. Elle vise à réguler les différents usages, à en maîtriser la demande, et à modifier nos comportements
« Nous voilà contraints de gérer mieux et de consommer moins. Notre devoir est maintenant d’améliorer ce que j’appellerais la « productivité de la goutte d’eau ».
« Sécuriser l’eau, sa disponibilité, son utilisation, son épuration, s’impose pour faire cesser cette « souffrance de l’eau » qui accable tant d’humains mais aussi le monde animal et végétal. Cette sécurisation de l’eau s’inscrit maintenant parmi les nécessités stratégiques du futur de notre planète, au même titre que la sécurité nucléaire, maritime, alimentaire ou sanitaire.
« La sécurisation de l’eau c’est d’abord assurer les besoins essentiels de la vie quotidienne. L’eau pour produire la nourriture et améliorer les performances agraires. Mais en même temps, une eau saine pour réduire les maladies hydriques qui demeurent l’une des premières causes de mortalité. En effet, ne pas lier étroitement progrès alimentaire et sanitaire, c’est prendre le risque de laisser mourir celui ou celle que l’on vient de nourrir.
« La sécurisation de l’eau, c’est ensuite la sécurité économique et sociale pour produire les biens et services nécessaires au développement et à l’élévation des niveaux de vie.
« La sécurisation de l’eau, c’est aussi, la sécurité écologique pour restituer à la nature l’eau indispensable à la préservation de la biodiversité et au maintien des écosystèmes
« Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames et Messieurs, le temps n’est plus aux bonnes intentions. Le temps est venu de l’action, des engagements et des solutions. C’est pourquoi le Conseil Mondial de l’Eau demande à chacune des parties prenantes, de s’associer à un Pacte pour la Sécurité de l’Eau.
« Aux organisations internationales, aux gouvernements, aux parlementaires, aux autorités locales, aux leaders économiques, à toutes les composantes de la société civile, nous demandons de s’associer à ce Pacte pour la Sécurité de l’Eau à travers 6 engagements fondamentaux:
- Premier engagement symbolique mais essentiel : nous avons demandé à chaque Etat d’inscrire le Droit à l’eau dans leur Constitution. Seuls 40 ont pour l’instant pris cette décision ;
- Deuxième engagement :adopter dans chaque Etat, dans chaque autorité locale, l’eau et l’assainissement comme grande cause publique et principale priorité budgétaire ;
- Troisième engagement : adopter ou amplifier une politique nationale et locale de régulation de la demande pour baisser les consommations et assurer une meilleure gouvernance ;
- Quatrième engagement : soutenir dans la négociation climatique la constitution d’un paquet « Eau-Energie » et la création d’ici à 2015 d’un Fonds mondial « Eau-Energie », consacré pour moitié à l’ « Eau pour l’alimentation », destiné à l’eau pour le développement des productions agricoles locales, et à l’ « Eau pour la Santé », utilisé pour la réduction des décès dus aux maladies hydriques ;
- Cinquième engagement : imposer l’existence de robinets d’eau et de toilettes dans chaque école créée ou réhabilitée partout dans le monde ;
- Sixième engagement : faire adopter l’eau et l’assainissement comme l’un des Objectifs du Développement Durable qui en 2015 doivent succéder aux actuels Objectifs du Millénaire pour le Développement.
« Mesdames et Messieurs, c’est un formidable challenge qui se présente à nous, c’est une aventure humaine, au sens le plus noble.
« En prenant en compte l’avenir de l’eau face à l’évolution du climat, en garantissant sa présence, et son usage, nous garantirons la sécurité alimentaire et la sécurité sanitaire.
« C’est notre responsabilité. Elle est immense. Nous allons tous ensemble porter ce message, promouvoir ce Pacte.
« En donnant sa chance à l’eau, ensemble nous sécurisons l’eau pour un monde sûr.
« Je vous remercie de votre attention. »
le texte original ici
SEACO
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